« Enfant, je partais en vacances avec ma mère et ma sœur à la mer du Nord, le long des côtes allemandes et néerlandaises. Bien que j’aie beaucoup aimé cela — la Zélande est magnifique — je jalousais secrètement mes camarades de classe qui partaient en Espagne et en Grèce. À l'adolescence, je jonglais à plein temps et participais à des spectacles. Je voulais assister à des ateliers et des formations où des jongleurs du monde entier se rassemblaient. Ma mère était d'accord, à condition que je paie moi-même et que j'aie la bonne supervision. Cela m'a rapidement donné des responsabilités et je suis devenu indépendant. En 2017, j'ai pris mon premier vol pour la Pologne et en un rien de temps, je voyageais de conférence de jonglerie en conférence de jonglerie. Quand je suis arrivé en Chine, mon 76e pays, j'ai pensé : c'est ce que je veux faire. Je veux visiter tous les pays du monde. J'ai dit au festival de cirque chinois : "Si vous payez de toute façon mon vol retour, envoyez-moi sur la route du retour via l’Ouzbékistan. »

SE LAVER DANS L'URINE DE VACHE

« Je voyage souvent seul, car peu de gens veulent aller dans des pays dangereux comme l'Irak et l'Afghanistan. Parfois, j'ai peur. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, par exemple, j'étais dans la voiture avec un policier qui devait me conduire à l'aéroport, lorsqu'un braquage a soudainement eu lieu. Il est sorti et a tiré quelques coups de semonce en l'air. Je n'en pouvais plus. Si on avait riposté, j'aurais certainement été touché. Heureusement, le policier est vite remonté et m'a conduit proprement à l'aéroport. En Afrique du Sud, j'ai été arrêté par un agent corrompu qui voulait de l'argent, car j'aurais soi-disant photographié un rond-point. Quand j'ai refusé, j'ai été jeté dans une cellule. J'y suis resté pendant des heures. Finalement, j'ai négocié : au lieu de 200 euros, je pouvais payer 20 euros. Alors, j'ai pu partir. Mais je vis aussi des choses moins dangereuses et uniques. Au Soudan du Sud, j'ai été le premier touriste à participer au rituel matinal de la tribu Mundari. Les hommes de cette tribu se lavent les cheveux avec de l'urine de vache, ce qui leur donne une couleur spéciale. Ils trouvent cela attrayant. Ils se lavent aussi avec. Je l'avoue : c'était un peu dégoûtant. »

RÉFLEXION

Le voyage me rend reconnaissant. Cela me permet de réfléchir sur ma propre vie et de réaliser dans quel luxe j'ai grandi. Si je suis maintenant irrité parce que, par exemple, les transports en commun ne sont pas à l'heure, je pense : de quoi s'agit-il ? Il y a tellement de gens qui vivent dans la pauvreté. Le revers de la médaille est que je vois peu ma famille et mes amis. Heureusement, j'ai pour l'instant un appartement à Buenos Aires, en Argentine. Cette base me procure un peu plus de tranquillité. Incroyable que le petit garçon qui rêvait de l'Espagne ait vu entre-temps les 195 pays du monde.